vendredi 20 juin 2008
lundi 2 juin 2008
JohnMcCain,LeCandidatOubliéDeLaPrésidentielleAméricaine
Qui est vraiment John McCain ? Et comment ce septuagénaire a-t-il réussi à s'imposer comme le favori de la présidentielle américaine ?
Un candidat qui revient de loin
John MCCain n'en est pas à sa première élection présidentielle. Agé de 71 ans, il était le principal adversaire de George Bush lors des primaires républicaines en 1999. Il a fallu attendre les deux mandats de Bush fils pour que McCain puisse de nouveau se présenter à la candidature républicaine. En septembre 2007, 6 mois avant le début des primaires, il était au plus bas dans les sondages et ses comptes de campagne étaient dans le rouge. Avec moins d'un million de dollars, il avait licencié plus de la moitié de son équipe de campagne. Ces premiers mois calamiteux étaient liés aux faiblesses du candidat : très âgé (71 ans), favorable à la guerre en Irak, et ayant des positions jugées trop laxistes en matière d'immigration pour ses amis républicains. Mais en remportant les primaires du New Hampshire, John McCain a inversé la tendance de façon spectaculaire. Les dons ont afflué et les médias sont revenus vers lui.
Un vétéran de la guerre du Vietnam
John McCain est d'abord aux yeux de l'opinion américaine un vétéran de la guerre du Vietnam qui a défendu son pays au péril de sa vie. En 1967, John McCain était pilote de chasse dans l'armée américaine et à ce titre, il a participé à la guerre du Vietnam. Abattu par un missile au-dessus d'Hanoï, il va rester prisonnier pendant plus de 5 ans. A son retour aux Etats-Unis en 1973, John McCain est un héros. Il a notamment raconté dans un livre ("Faith of my fathers") comment il avait résisté aux multiples tortures qu'il avait subies pour ne pas parler à l'ennemi et livré des informations secret défense. Marqué physiquement par cette captivité, John McCain a aujourd'hui une image de patriote courageux.
Un candidat plus au centre que son parti
Sa réussite aux primaires républicaines était d'autant moins évidente qu'il occupe une place à part au sein du parti conservateur. C'est la bête noire des ultraconservateurs de George Bush. Sur de nombreux sujets, John McCain a des positions moins tranchées que l’actuel président des Etats-Unis. Par exemple, il a refusé de voter les baisses d'impôts proposées par George Bush, jugées injustes et trop coûteuses dans un contexte de crise budgétaire. On lui reproche également une loi sur le financement des partis politiques, trop "transparente" aux yeux des ultras. De même, il est considéré comme trop modéré sur les questions liées à l'immigration. Face à ces critiques, John McCain se défend d'être plus au centre que son parti et tente de donner des gages à la branche la plus conservatrice du parti républicain en expliquant par exemple qu'il a toujours été contre l'avortement.
Atouts et handicaps d'un candidat au "parler-vrai"
John McCain a largement gagné les primaires républicaines grâce à son style direct et son "parler-vrai". Accessible, sans langue de bois, il est apparu être le seul candidat à pouvoir ratisser large : des militants républicains aux électeurs indépendants. Cette performance est liée à la nature du personnage : très conservateur sur certaines questions, très modéré sur d'autres. Il plaide pour un assouplissement des règles d'immigration et défend la réduction des émissions de CO2 tout en dénonçant le droit à l'avortement et les mariages homosexuels. Agé de 71 ans, son statut d'ancien combattant plutôt modéré en fait un père de la Nation rassurant dans un contexte de crise économique et de doutes pour les américains.
Dans le même temps, face à Barak Obama, John McCain devra surmonter plusieurs handicaps sérieux. Le premier concerne la guerre en Irak. Si McCain fait tout pour se démarquer de l'administration Bush sur un grand nombre de sujets, il est en revanche sur la même ligne que les ultraconservateurs à propos de la guerre en Irak. Il veut maintenir les troupes, voire les renforcer, pour gagner cette guerre alors que les sondages indiquent qu'une majorité d'américains est désormais contre la poursuite du conflit. Deuxième handicap : son âge. A 71 ans, John McCain aura certainement plus de mal à apparaître comme l'homme du renouveau américain face à un quadragénaire comme Obama. Dernière difficulté : l'attraction des primaires démocrates a éclipsé les primaires républicaines qui ont attiré beaucoup moins d'électeurs. En novembre, il pourrait ainsi être emporté par une vague démocrate qui n'aurait pas faibli. Dans le scénario inverse, il pourrait bénéficier paradoxalement d’une plus grande fraîcheur face à un candidat démocrate affaibli par son propre camp pendant ces primaires interminables. Rien n’est joué donc.