vendredi 23 mai 2008

Blues de l’autre Amérique

Deux documentaires rares

Blues de l’autre Amérique

Dans l’actualité des DVD musicaux, surchargée d’objets sans intérêt, se détachent deux documentaires, véritables périples au cœur d’une autre Amérique, celle de la musique cajun et du blues du Mississippi. Ils nous donnent à voir deux films tournés il y a trente ans. En 1972, Jean-Pierre Bruneau, amateur de musiques américaines, plonge dans les tréfonds d’une culture alors méprisée par les élites (1), celle héritée des Acadiens, réfugiés là après le grand désastre de 1755. « Nous sommes encore trois cent mille descendants directs, mais plus d’un million ici parlent français, assure un robuste fermier avec un accent typique de la Normandie. Le pays cajun, c’est soit le bayou, soit la prairie. En tout cas, c’est pas qu’une histoire de sang. C’est surtout une histoire de traditions ! », assure un autre, pour qui « les gens de couleur ajoutent juste du blues... du poivre ». Les images qui suivent le prouvent : on y retrouve les deux frères Chénier, Clifton à l’accordéon chromatique et Cleveland au frottoir, qui entament un zydeco aux couleurs du blues. Et de chanter « Laisse le bon ton rouley ! », créolisation de l’hymne local Let the Good Time Roll !, dans un bal nègre surchauffé.

L’instant d’après, le même Chénier entame un dialogue en français dans le texte sur la « vie d’antan » avec une grand-mère afro-américaine. C’est l’un des nombreux moments d’anthologie de ce documentaire où la musique sert de fil conducteur à l’immersion dans le quotidien de cette communauté, une intimité portée dans chacune de ces chansons. « Dedans le sud de la Louisiane », comme dit celle qui donne son titre à ces quarante minutes, là où « ils boivent du moonshine et dansent la mazurka ». Là où vivent fermiers et ferrailleurs, cow-boys, métisses et blancs-becs, limite rednecks, tous réunis autour de l’accordéon et du violon à la tombée de la nuit.

Les vétérans du style Alphonse Bois-Sec Ardoin, Bee Fontenot, les frères Balfa, la famille Landreneau, Dennis McGee... y rejouent d’antiques chansons, comme cette berceuse intitulée La Veuve du lac bleu, transmise de génération en génération depuis plus de trois siècles. Ils réinvestissent aussi des traditions un temps jetées aux oubliettes, dont le défilé haut en couleur et à cheval du Mardi-Gras, « pour s’amuser autant qu’on peut avant un carême sérieux ». Et de cavaler, ivres, après un poulet !

Même ambiance dans En remontant le Mississippi, un film signé par Claude Fléouter et Robert Manthoulis à l’orée des années 1970 (2). Cette fois, il s’agit de décortiquer la métamorphose du blues, en refaisant le voyage qui l’a conduit du delta du Mississippi au South Side de Chicago. Du blues rural à son extension électrique, des champs de coton aux chants de prison, en suivant le fleuve qui irrigua toute la culture noire américaine, ils croisent la route de la plupart des héros de cette « musique du diable », dont la plupart ne furent jamais filmés.

« Quand je parle des femmes dans mes chansons, les gens croient que je parle des rapports entre les sexes, mais ce n’est pas toujours le cas. Et quand je parle d’argent, ce n’est pas vraiment d’argent que je parle », confie Brownie McGhee. A chaque fois, les vieux bluesmen chantent leur version du blues et puis donnent entre les lignes leur vision de la face trop longtemps cachée des Etats-Unis. La plupart ont vécu le calvaire de la ségrégation. A l’heure des droits civiques, la parole se libère, même si les réalisateurs doivent affronter la méfiance des Noirs et la suspicion du Federal Bureau of Investigation (FBI), sans oublier les milieux sudistes, qui ne voient pas d’un très bon œil une telle démarche. Ce qui ajoute encore à la valeur du témoignage plein de convictions et d’engagements de Willie Dixon, contrebassiste et producteur qui aura dédié sa vie à cette musique.

Jacques Denis.

(1) Jean-Pierre Bruneau, Dedans le sud de la Louisiane, Cinq Planètes - L’Autre Distribution, France, 2007.

(2) Claud Fléouter et Robert Manthoulis, En remontant le Mississippi, Films Neyrac - Universal, France, 2007.

lundi 19 mai 2008

BarackObama,LesRaisonsDeSonSuccèsAuxPrimairesDémocrates...

Obama, candidat démocrateBarack Obama devrait annoncer mardi sa victoire aux primaires démocrates. En l’espace de quelques mois, le sénateur de l’Illinois a déjoué tous les pronostics et réussi à s’imposer face à celle qui apparaissait comme la candidate incontournable de la présidentielle 2008, Hillary Clinton. Pour rivaliser contre le clan Clinton, Barack Obama a mis en œuvre une stratégie très efficace, loin des discours traditionnels qui tiennent à l’écart les jeunes générations de la politique.

Analyse des raisons du succès de celui qui sera le premier candidat noir à une élection présidentielle aux Etats-Unis.

Un plan médiatique original

Contrairement à Hillary Clinton, quasiment personne ne connaissait Barack Obama il y a trois ans. Il est arrivé discrètement en politique en se faisant élire au Sénat des Etats-Unis en janvier 2005. Contrairement à tout sénateur quelque peu ambitieux, l’avocat Omaba a préféré garder le silence et a refusé de s’exprimer dans la presse. Ce n’est qu’à partir de la fin de l’année 2005 qu’il a accepté de répondre à des interviews dans la presse et à faire quelques interventions à la télévision. C’est parce qu’il s’est peu montré dans les médias pendant une longue période qu’il est parvenu à susciter une certaine curiosité. Face à une candidate connue qui incarne la tradition voire la dynastie Clinton (après la dynastie Bush), Barack Obama incarne une nouvelle ère politique.


Un discours simple et ferme

Contrairement à Hillary Clinton, Barack Obama a envoyé un message simple et clair et a gardé sa position depuis son entrée en politique. Ainsi, dès son élection au Sénat en 2004, Barack Obama a mis en avant ses origines pour expliquer en quoi il est un pur produit de l’Histoire de son pays : de père kenyan et de mère américaine, il a grandi seul auprès de celle-ci. Grâce à son histoire personnelle, Barack Obama a développé ses grands thèmes de campagne : discriminations raciales, injustices sociales…
Par ailleurs, il s’est toujours déclaré hostile à la guerre en Irak contrairement à Hillary Clinton qui, comme tous les démocrates, s’est ralliée à la cause de George Bush et n’a eu de cesse de soutenir l’intervention des américains en Irak. Alors que le choix de Barak Obama pouvait sembler, aux Etats-Unis, risqué dans un premier temps, son audace a payé puisqu’en 2006, l’opinion a fini par réclamer le retrait des troupes américaines. Par conséquent, face à ce revirement soudain, la candidate Clinton a dû non seulement expliquer son engagement pour la cause de George Bush mais aussi les raisons de son changement de position. Cette contradiction lui a évidemment joué de mauvais tours et fait perdre des points face à un candidat conforté dans ses convictions.
Parce qu’il souhaite une politique basée sur l’ouverture et le dialogue, il a l’intention de rencontrer les dirigeants des pays en conflit avec les Etats-Unis comme la Corée du Nord, l’Iran, Cuba et le Venezuela. Contre toute attente, les sondages ont montré que les Américains avaient envie de rompre avec cette image trop rigide et intolérante de leur pays.


Une équipe efficace

Pour parvenir à remporter les primaires démocrates, Barack Obama s’est, bien entendu, entouré de conseillers politiques, permettant à tout candidat de lancer de grosses machines de guerre capables de broyer les adversaires à coups de manigances et de stratégies en tous genres. Le candidat s’est également entouré de personnes issues de différents milieux. Son bras droit est un ancien journaliste de Chicago, David Axelrod, qu’il a rencontré quand il était militant. Son équipe se veut accessible et réactive. Hors de question pour elle de laisser gonfler une polémique ou de passer sous silence un événement important. Dès qu’un fait marquant surprend le clan Obama, le candidat recourt au discours public pour se défendre ou informer ses concitoyens de sa position.


Des réseaux d’influence

Contrairement à Hillary Clinton, Barack Obama n’a pas de réseaux d’influence prestigieux. Il n’a pas non plus de fortune personnelle ni de nombreux amis riches prêts à lui prêter la somme de 4 600 dollars, montant maximum autorisé par personne pour financer une campagne présidentielle. Il a donc dû trouver d’autres systèmes pour résister à l’adversité. D’abord, il est parvenu à se rendre très populaire auprès des jeunes générations. Dès 2006, des mouvements locaux défendant sa candidature se sont organisés de façon spontanée dans les lycées comme dans les universités. Les écoles ont voulu le recevoir et écouter ses discours plus modernes et porteurs que ceux des candidats précédents. Il est parvenu à se créer des réseaux via Internet et les mouvements militants. Pour pouvoir faire front à son adversaire fortunée, Barack Obama a proposé aux internautes de lui venir en aide financièrement et de donner quelques dollars pour soutenir sa campagne. Au final, Hillary Clinton est endettée de 15 millions de dollars tandis que Barack Obama est parvenu à amasser davantage de dons qu’elle et a mieux gérer ses dépenses. Le succès aux primaires, c’est aussi une question d’argent.

(http://www.politique.net/)

dimanche 11 mai 2008

plus que 2 semaines!!!

La fin de l'année approche à grands pas, et il faut encore faire plein de choses et déjà penser à la rentrée prochaine!
Souvenez-vous, j'avais expliqué que lorsque je suis arrivée dans ma classe, tout le mobilier était empilé dans un coin et tout le matériel en carton. Eh bien, c'est maintenant à moi de faire ça! En effet, c'est "grand ménage" pendant l'été: les sols sont cirés ( ce qui fait qu'il y a des vestiges des années précédentes engluées pour la postérité, agrafes, poussières,...). Donc il faut tout ranger et tout pousser dans un coin , pour tout remettre début août!
Et puis avant la fin de l'année il y la remise des "diplômes" de fin de Kindergarden, avec petit spectacle. Mais vu que je n'étais pas au courant, eh bien on va juste chanter les chansons apprises pendant l'année... Et puis tous les papiers de fin d'année... avant de faire ceux de début d'année...
Chaque année il y a un thème de déco pour toute l'école, cette année c'était le jardin, donc il y avait des fleurs et des papillons partout, c'était sympa. À la rentrée, ce sera "White, Blue, Read" (quel jeu de mot!), pour cause d'élection bien sûr et de J.O. aussi. Donc il va y avoir du patriotisme dans l'air et des drapeaux PARTOUT!!! Déjà que je connais le Pledge par coeur maintenant...
Mais bon avant la rentrée d'août, il y aura 2 mois de vacances. Back in France, histoire de voir tout le monde. Pourvu qu'il fasse beau, autrement on va avoir froid! La concurrence est rude avec la météo d'ici!

mardi 6 mai 2008

FestivalInternationalDeLouisiane...

Du 23 au 27 avril, en plein Downtown de Lafayette, se déroulait le Festival International De Louisiane (http://www.festivalinternational.com/site.php).
Le centre-ville historique de Lafayette se transforme en un immense spectacle de divertissement avec six scènes de musique, de la cuisine, des musiciens et des animateurs de rues, des boutiques d'arts, des galeries d'arts, des ateliers culturels, des démonstrations de cuisine internationale et un magasin de musique internationale.
Il s'y produit des groupes essentiellement de pays francophones.
Tout le festival est gratuit, et ça c'est vraiment cool...
Nous sommes désolé de ne pas avoir plus de photos à vous montrer, mais nous avions oubliez notre appareil...
Vous pouvez voir, dans l'ordre, les "Hardrive Alien Jumpers" (U.S.), "MOOV" (Martinique) et "Burning Spear" (Jamaïque), ainsi que Salomé à son premier festival et Céline avec un langue de martien...

lundi 5 mai 2008

PrésidentielleAméricaine:LesPrimairesDémocratesS'Enlisent...

Clinton et ObamaEn janvier, lorsque les primaires démocrates avaient débuté, personne n'avait imaginé que le candidat ne serait pas encore connu au mois de mai. Pire, il est maintenant certain qu'aucun des deux candidats démocrates n'obtiendra la majorité requise, 2025 délégués, et que le choix final aura lieu au mois d'août lors de la convention démocrate. Cet enlisement pourrait profiter au camp démocrate qui a désigné depuis maintenant plusieurs semaines, John McCane, comme possible successeur de George Bush


Obama/Clinton : aucun des deux ne veut lâcher
Hillary Clinton était largement favori avant le début des primaires. Barack Obama a réussi à renverser la tendance sans toutefois éliminer définitivement sa rivale dans la course à la maison blanche. Pour l'instant, les deux candidats sont au coude à coude, avec une légère avance pour Barack Obama. Mais Hillary Clinton a remporté la primaire de Pennsylvanie, cette semaine, montrant ainsi que le parti démocrate était définitivement divisé en deux camps de force égale.

Aucun des deux candidats ne veut lâcher prise. Barack Obama est en tête par le nombre d'Etats remportés, par le nombre des délégués envoyés à la convention démocrate et par le nombre de voix. En outre, il distance très largement Hillary Clinton dans les sondages en cas de duel contre le candidat républicain, John McCane. Mais la candidate démocrate refuse d'abandonner et conteste la légitimité d'Obama : elle fait valoir qu'elle a remporté tous les Etats les plus peuplés, notamment les Etats clés où républicains et démocrates sont à égalité. Sachant que Barack Obama n'obtiendra pas la majorité des délégués à l'issue des primaires, elle veut donc rester en course jusqu'en août.


Des primaires qui s'éternisent et alourdissent le montant de la facture

La prolongation de ces primaires pose plusieurs problèmes : d'une part les démocrates se déchirent, d'autre part, ils dilapident leur trésor de guerre au point que le parti démocrate s'inquiète de sa situation financière avant même que la vraie campagne présidentielle ne débute. Selon les derniers comptes de campagne**, Hillary Clinton est pratiquement en cessation de paiement. En mars dernier, elle a réussi à lever 21 millions de dollars mais en doit 10,3 millions. Selon les estimations, il ne lui reste plus que 9,3 millions de dollars pour la fin des primaires. De son côté, Barack Obama continue d'enregistrer des dons record avec 43 millions de dollars récoltés en mars. Il aurait encore 51 millions de dollars disponibles. Rien qu'en Pennsylvanie, il a dépensé près de 9 millions de dollars en publicité.
Ces chiffres record inquiètent le parti démocrate car tous ces fonds utilisés sont autant de liquidités en moins pour la campagne présidentielle à proprement parler. Les deux candidats sont en train d'épuiser toutes les réserves en termes de liquidités si bien que les démocrates pourraient être contraints de faire une campagne à minima, contrairement aux républicains dont le candidat John McCane est déjà en campagne active pour l'élection présidentielle.


Les Super-délégués vont devoir trancher en août

Face à l'enlisement des primaires démocrates, il apparaît aujourd'hui certain que les 796 super-délégués seront les arbitres de ces primaires. A défaut d'avoir réuni le nombre de délégués suffisants (2025), Barack Obama et Hillary Clinton ont donc entamé leur travail de lobbying auprès de ces super-délégués. Le rôle de ces derniers n'aura jamais été aussi important. A l'origine, le candidat à l'élection présidentielle est désigné en fonction du vote des militants démocrates à travers deux types de scrutin (Primaires et Caucus). A chaque scrutin, le vainqueur obtient un nombre de délégués qui le représentera lors de la convention du mois d'août qui désignera le candidat. Sauf que dans ce système complexe, il y a 796 super-délégués, qui sont désignés d'office et libres de voter pour n'importe quel candidat. Pour l'heure, Barack Obama a davantage de soutiens parmi les super-délégués qu'Hillary Clinton mais environ 250 super-délégués ne se sont pas encore prononcés pour l'un ou l'autre des deux candidats.


Pendant ce temps, John McCane est déjà en campagne...

Pendant que les démocrates se déchirent, le candidat républicain est campagne. Depuis plusieurs semaines, il a entamé un grand tour de l'Amérique en menant une campagne de terrain. A défaut de pouvoir s'appuyer sur un bilan jugé très négatif de l'administration Bush encore au pouvoir, le candidat républicain mise sur une campagne de proximité et espère pouvoir rallier à sa cause les déçus du camp d'en face qui ne verront pas leur favori désigné. Convaincu d'être confronté à Barack Obama en novembre prochain, John McCane multiplie les attaques contre le sénateur de l'Illinois en reprenant une partie des arguments utilisés par Hillary Clinton contre lui.
C'est toute l'ambiguïté des primaires démocrates aujourd'hui : plus elles s'éternisent, plus les militants démocrates sont mobilisés et plus le parti apparaît divisé. Les oppositions se durcissent et un ticket Obama/Clinton est désormais inconcevable. Cet enlisement pourrait profiter au candidat républicain.

Prochaines primaires démocrates : Caroline du Nord et Indiana, le mardi 6 mai

(http://www.politique.net/)